‘Labirinto palestinese’.

Le Monde Diplomatique – dicembre 2006, pag. 1
Labirinto palestinese

di Ignacio Ramonet (traduzione dal francese di José F. Padova)

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/RAMONET/14236
Verso l’abisso. Si sente confusamente che le sofferenze subite dai palestinesi, le solidarietà sempre più audaci che un simile tormento trascina con sé in Medio oriente e le violente reazioni difensive d’Israele rischiano di condurre il mondo verso l’abisso. Il faccia a faccia fra due popolazioni, l’israeliana e la palestinese, che a torto o a ragione si temono l’una l’altra, non può durare a lungo. Perché questa paura «giustifica» da una parte una escalation della repressione e dall’altra il ricorso alla violenza da parte dei gruppi radicali.

In ognuno dei due campi i sondaggi lo confermano, la maggioranza dei cittadini aspira alla pace. Ma in ognuno dei due campi, anche, aumentano gli odi e gli estremismi. Ormai le due parti parlano di «guerra fino alla morte» e «annientamento totale».

La non-disfatta delle milizie di Hezbollah in Libano, la scorsa estate, di fronte alle truppe israeliane e la non-vittoria delle forze americane in Iraq, contro gli insorti, hanno ridato speranze a gruppi palestinesi che ricominciano a credere alle chance di una «guerra popolare prolungata». Dopo aver catturato il caporale Gilad Shalit il 25 giugno (che tuttora tengono prigioniero) questi gruppi moltiplicano i tiri di razzi su Sderot e Ashkelon. In sei anni sono state uccise sei persone. Nello stesso periodo la repressione nei territori occupati ha fatto quattromila cinquecento morti.

Ma la minaccia dei razzi attizza il desiderio di rivincita di certi israeliani. Il campo dei «duri» al potere, incoraggiati dalla passività internazionale, sembra avere carta bianca per punire senza limiti le popolazioni palestinesi.

Da cinque mesi a oggi più di quattrocento persone, per metà civili, sono state abbattute dalle forze israeliane, che nessuno sembra più trattenere. I militari non hanno persino esitato a uccidere, il 3 novembre, alcune donne disarmate a Beit Hanoun, la città nella quale, cinque giorni più tardi, venti civili, fra i quali numerosi bambini, sarebbero stati uccisi da granate dell’artiglieria israeliana.

Questo crimine – risultato di un «errore», secondo le autorità israeliane – ha emozionato le opinioni pubbliche di tutto il mondo. E ha portato l’Assemblea generale delle Nazioni Unite, dietro l’iniziativa della Francia, ad adottare, con 156 voti contro 7, una risoluzione che reclama la fine delle operazioni israeliane a Gaza e la cessazione di ogni atto di violenza.

Se ne è ben lontani. Il governo di Ehud Olmert recentemente non ha esitato – malgrado le coraggiose dimissioni del ministro della Cultura, il laburista Ophir Pines-Paz – ad accogliere nel suo seno, col rango di vice primo ministro e ministro delle «Minacce strategiche», Avigdor Lieberman, capo del partito estremista Israel Beitenu («Israele, nostra casa»), i cui adeerenti sono principalmente emigrati venuti dall’ex Unione sovietica, accusati spesso di xenofobia.

L’entrata del sig. Liebermann nelle sue funzioni in un gabinetto disorientato e tentato da un uso disordinato della forza rappresenta un pericolo per l’insieme della regione. In primo luogo per Israele e il suo popolo. Tutto ciò non è stato messo in evidenza dai grandi media europei, solitamente più pronti a denunciare l’arrivo di altri estremisti nel governo dell’Unione.

Più lucidi alcuni giornali israeliani come Haaretz hanno subito lanciato l’allarme: «Scegliere il dirigente più irresponsabile e più sprovvisto di moderazione per occupare la funzione di ministro delle minacce strategiche costituisce, di per sé, una minaccia strategica. L’assenza di moderazione del sig. Lieberman e le sue intempestive dichiarazioni – paragonabili soltanto a quelle del presidente dell’Iran – rischiano di provocare un disastro in tutta la regione (1)».

Quanto al politologo israeliano Zeev Sternhell, storico del fascismo europeo, non si poteva essere più chiari: ai suoi occhi il sig. Liebermann è forse «l’uomo politico più pericoloso della storia d’Israele», perché rappresenta un «cocktail di nazionalismo, d’autoritarismo e di mentalità dittatoriale (2)».

Paradossalmente il contesto aggrava il rischio. La recente disfatta elettorale di Gorge W. Bush e la constatazione del fallimento militare in Iraq potrebbero modificare la politica degli Stati Uniti in questa regione. Già pare che contatti si stiano abbozzando con la Siria (malgrado le accuse che pesano su Damasco dopo il recente assassinio di Pierre Gemayel). E perfino con Teheran, la cui collaborazione può rivelarsi decisiva se Washington vuole che riesca la sua ritirata dal pantano iracheno. Infine sembra avvicinarsi in Palestina la prospettiva di un governo di unione nazionale.

In Israele tutto questo non fa al caso di coloro che – come Lieberman e i suoi amici – continuano a scommettere sullo scontro e sulla supremazia della forza. Da parte loro non potrebbe escludersi un gesto irresponsabile. Essi sentono che nelle cancellerie internazionali a poco a poco s’impone un’evidenza: non ci sarà pace in questa regione senza che i palestinesi escano dal loro labirinto.

(1) Haaretz, Tel-Aviv, 24 ottobre 2006.
(
2) The Scotsman, Edimbourg, 23 ottobre 2006.
LE MONDE DIPLOMATIQUE – décembre 2006      Page 1
 

Testo originale :


Labyrinthe palestinien
Par Ignacio Ramonet

Vers l’abîme. On sent confusément que les souffrances subies par les Palestiniens, les solidarités de plus en plus audacieuses qu’un tel tourment entraîne au Proche-Orient, et les violentes réactions de défense d’Israël, risquent de conduire le monde vers l’abîme. Le face-à-face entre deux populations, israélienne et palestinienne, qui, à tort ou à raison, se craignent l’une l’autre, ne peut durer. Car cette peur « justifie », d’un côté, une escalade dans la répression et, de l’autre, le recours à la violence de la part de groupes radicaux.
Dans chaque camp, les enquêtes le confirment, la majorité des citoyens aspirent à la paix. Mais, dans chaque camp aussi, montent les haines et les extrémismes. C’est de « guerre à mort » et d’« anéantissement total » que les deux parties parlent désormais.
La non-défaite des milices du Hezbollah libanais, l’été dernier, face aux troupes israéliennes, et la non-victoire des forces américaines, en Irak, face aux insurgés ont redonné espoir à des groupes palestiniens qui se remettent à croire aux chances d’une « guerre populaire prolongée ». Après avoir capturé le caporal Gilad Shalit le 25 juin (qu’ils détiennent toujours), ces groupes multiplient les tirs de roquettes sur Sderot et Ashkelon. Six personnes en six ans ont été tuées. Dans la même période, la répression dans les territoires occupés a fait quatre mille cinq cents morts.
Mais la menace des roquettes attise le désir de revanche parmi certains Israéliens. Le camp des « durs » au pouvoir, encouragé par la passivité internationale, paraît avoir carte blanche pour châtier sans limites les populations palestiniennes.
Depuis cinq mois, plus de quatre cents personnes, pour moitié des civils, ont été abattues par les forces israéliennes, que rien ne semble plus retenir. Les militaires n’ont pas même hésité à abattre, le 3 novembre, des femmes désarmées à Beit Hanoun. Cette ville où, cinq jours plus tard, vingt civils, dont plusieurs enfants, allaient être tués par des obus israéliens.
Ce crime – résultat d’une « bavure », selon les autorités israéliennes – a ému les opinions publiques à travers le monde. Et a conduit l’Assemblée générale des Nations unies, sous l’impulsion de la France, à adopter (par 156 voix contre 7) une résolution réclamant la fin des opérations israéliennes à Gaza, et la cessation de tous les actes de violence.
On en est loin. Le gouvernement de M. Ehoud Olmert n’a pas hésité récemment – malgré la courageuse démission du ministre de la culture, le travailliste Ophir Pines-Paz – à accueillir en son sein, avec le rang de vice-premier ministre et chargé du portefeuille des « menaces stratégiques », M. Avigdor Lieberman, chef du parti extrémiste Israël Beitenou (« Israël, notre maison »), dont les adhérents sont principalement des émigrés venus de l’ex-Union soviétique, accusés souvent de xénophobie.
L’entrée en fonctions de M. Lieberman dans un cabinet désorienté et tenté par un usage brouillon de la force représente un danger pour l’ensemble de la région. En premier lieu pour Israël et ses populations. Cela n’a pas été assez souligné par les grands médias européens, plus prompts à dénoncer d’ordinaire l’arrivée d’autres extrémistes dans des gouvernements de l’Union.
Plus lucides, des journaux israéliens comme Haaretz ont vite lancé une mise en garde : « Choisir le dirigeant le plus irresponsable et le plus dépourvu de retenue pour occuper la fonction de ministre des menaces stratégiques constitue, en soi, une menace stratégique. L’absence de modération de M. Lieberman et ses déclarations intempestives – comparables seulement à celles du président de l’Iran – risquent de provoquer un désastre dans toute la région  (
1). »
Quant au politologue israélien Zeev Sternhell, historien du fascisme européen, il a été très clair : à ses yeux, M. Lieberman est peut-être « l’homme politique le plus dangereux de l’histoire d’Israël », parce qu’il représente un « cocktail de nationalisme, d’autoritarisme et de mentalité dictatoriale (
2)  ».
Le contexte, paradoxalement, aggrave le risque. La récente défaite électorale de M. George W. Bush et le constat d’échec militaire en Irak pourraient infléchir la politique des Etats-Unis dans cette région. Déjà des contacts paraissent s’esquisser avec la Syrie (malgré les accusations qui pèsent sur Damas après le récent assassinat de Pierre Gemayel). Et même avec Téhéran, dont le concours peut se révéler décisif si Washington veut réussir son retrait du bourbier irakien. En Palestine, enfin, la perspective d’un gouvernement d’union nationale semble se rapprocher.
Tout cela ne fait pas l’affaire, en Israël, de ceux qui – comme M. Lieberman et ses amis – continuent de parier sur l’affrontement et sur la suprématie de la force. De leur part, un geste irresponsable ne saurait être exclu. Ils sentent bien qu’une évidence peu à peu s’impose dans les chancelleries internationales : il n’y aura point de paix dans cette région sans la sortie des Palestiniens de leur labyrinthe.
Ignacio Ramonet.
(
1) Haaretz, Tel-Aviv, 24 octobre 2006.
(
2) The Scotsman, Edimbourg, 23 octobre 2006.
LE MONDE DIPLOMATIQUE | décembre 2006 | Page 1
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Giovedì, 07 dicembre 2006

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