La "Paix" de l’occupant …
Ramadan à Gaza
( lundi, 25 septembre 2006 )
Dhabitude pour le début du Ramadan, les enfants de Gaza allument des milliers de lanternes colorées. Mais cette année, les Territoires palestiniens senfoncent encore un peu plus dans la pauvreté du fait du gel de laide internationale, et les parents nont ni argent ni énergie à consacrer à ce qui fait dhabitude du Ramadan un mois de fêtes, de retrouvailles et dallégresse.
"Ces jours-ci, je nai quune seule envie, cest de pleurer", soupire Oum Emad, mère de six enfants. La seule lanterne de sa maison est une lampe à huile, à cause des fréquentes coupures de courant.
Le Ramadan, qui a commencé samedi dans les Territoires palestiniens, est un mois de jeûne et de prière, commémorant la révélation du Coran au Prophète. Mais cest aussi une période de fête, avec les grands repas daprès le coucher de soleil, les retrouvailles sociales, la confection dinnombrables gâteaux, lachat de vêtements neufs et de cadeaux pour les enfants…
Mais aujourdhui, la Bande de Gaza est plus pauvre que jamais et ce Ramadan-ci sannonce bien sombre, nombre de Palestiniens nayant pas les moyens de respecter les traditions.
Déjà, cest lONU qui nourrit environ un million des 1,4 million dhabitants du Territoire. Rien que pour septembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a ajouté à ses listes quelque 60.000 personnes, pour un total de 220.000.
Laide internationale, qui tenait quasiment à bout de bras lAutorité palestinienne depuis dix ans, est gelée depuis mars. En outre, la Bande de Gaza passe aussi de longues périodes coupée du monde. Lélectricité est rationnée, par phases de six heures, après le bombardement de la principale centrale de Gaza.
Sur le front politique, lheure nest pas non plus à loptimisme. Le président Mahmoud Abbas juge que ses efforts en vue de constituer un gouvernement dunion nationale acceptable aux yeux de la communauté internationale, ce qui permettrait dalléger le calvaire palestinien, ont été "ramenés à zéro".
Les Palestiniens nont pas le coeur à la fête. Oum Emad, 45 ans, raconte comment son mari a frappé leur fille de dix ans qui insistait pour quon lui achète une lanterne de Ramadan. Oum Emad gagne 15 shekels quotidiens comme vendeuse, son mari arrive à 20 shekels les jours fastes. Avant laccession du Hamas au pouvoir, il possédait une petite usine textile qui lui rapportait au moins 90 shekels par jour. "Autrefois, mon mari achetait des lanternes pour nos enfants, mais aussi pour ceux des voisins, dont le père est mort, pour quils ne se sentent pas exclus", souligne Oum Emad.
Comme la plupart des familles à Gaza, elle na pas acheté de nourriture à lavance, alors que cest traditionnellement le cas juste avant le Ramadan. Dans le camp de réfugiés de Chati, lépicier Adel Moudalal ne sest pas fait livrer les ingrédients traditionnels des desserts de Ramadan, comme la pâte dabricots séchés. "Je nai pas dargent pour mapprovisionner, et le quartier na pas dargent pour men acheter".
Deeb al-Ras avait autrefois un restaurant à Chati. Il a fait faillite au début de la deuxième Intifada en 2000. Sur ses 11 enfants, seul un fils travaille. Policier, il na pas touché son salaire depuis des mois… La famille survit grâce au riz et aux lentilles fournis par lONU, mais arrive rarement à ajouter un peu de viande ou de légumes à son ordinaire. Dans une pâtisserie de Saqallah, quartier résidentiel de
Gaza, cinq ou six personnes passent chaque jour quémander les restes, explique le vendeur Osama Qandil, 24 ans. "Nous ne les repoussons jamais. Il y a toujours quelque chose pour les pauvres". Le kilo de sucreries y coûte 20 shekels, soit le salaire quotidien dun ouvrier non-qualifié.
Ceux qui ont encore les moyens se font discrets, comme lexplique Oum Amar, 42 ans, mère de huit enfants. "Notre situation est correcte, mais lambiance est déprimante". Elle se souvient du temps où pendant le Ramadan, les rues de Gaza étaient illuminées de toutes les couleurs. Aujourdhui, "même si Gaza avait des guirlandes, il ny aurait pas délectrité pour les faire marcher".
Lire "Rien à voir avec l’islam" ( en arabe )
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